Avant son arrivée au pouvoir, le président Macky Sall a posé un certain nombre de diagnostics dont celui concernant la situation ferroviaire.
Le transport ferroviaire se résumait exclusivement au Petit train de banlieue avec une technologie complètement dépassée qui ne pouvait présager d’un avenir radieux pour le chemin de fer.
Aujourd’hui, nous assistons à une reconstruction d’un secteur qui n’existait plus. Le TER n’est que le début de ce processus qui, à long terme, aboutira à une véritable économie ferroviaire qui va apporter un plus à l’économie globale.
D’autres diagnostics se sont greffés à ce premier constat. Il y a, par exemple, la situation de Dakar qu’il fallait complètement décongestionner avec les politiques de création de zones nouvelles.
L’illustration de cette politique est Diamniadio, nouvelle ville située dans le département de Rufisque, à une trentaine de kilomètres du centre-ville et qui offre aujourd’hui une respiration à la congestion de Dakar, en accueillant beaucoup d’activités administratives, universitaires, commerciales et sportives.
Le TER est le lien ombilical qui donne une viabilité et une cohésion globales à ces nouvelles zones. II permet accès rapide à ces nouvelles zones urbaines et d’en revenir par un moyen de transport rapide, sécurisé, confortable et régulier.
Le TER n’est pas seulement un train qui circule entre Dakar et Diamniadio ; c’est un processus continu qui accompagne la politique de développement des territoires. Aujourd’hui, les travaux entre Diamniadio et l’aéroport International Blaise Diagne sont en cours et se déroulent, en termes de réalisation, dans un silence absolu parce que les populations se sont appropriés le TER et ont tranché le débat des impacts positifs qu’ils constatent dans leur vie de tous les jours.
Une fois à l’AIBD, il y aura des ancrages pour réaliser les lignes Diamniadio-Thiès et AIBD-Mbour, en attendant d’arriver dans d’autres stations : Thiès, Tivaouane, Touba, Saint-Louis.
Tous les sénégalais, où qu’ils puissent se trouver, peuvent espérer un jour voir un TER arriver dans leur contrée et pouvoir se déplacer dans les mêmes conditions que ceux qui sont à Dakar.
De mon point de vue, c’est ça la nouvelle approche de la démocratie. Elle consiste à faire en sorte que l’ensemble des citoyens accèdent aux services publics de base de manière égalitaire.
L’ambition du Président est de faire du chemin de fer un modèle économique structurant. Il faut souligner qu’il n’y a pas que le TER qui est en train d’être financé et réalisé au Sénégal. Il y a aussi la voie métrique Dakar-Tambacounda, d’être prise en charge. La rupture de charges au niveau de Tambacounda va permettre aux camions d’embarquer les marchandises à destination du Mali non plus à Dakar mais à Tamba. Ce qui épargnera les routes et fera économiser à l’Etat d’énormes frais d’entretien.
En mettant en place ces projets, l’Etat ambitionne, incidemment, de créer des emplois.
En Afrique, l’emploi est assez spécifique. Les économies enregistrent des taux croissance qui ne s’accompagnent pas toujours d’une création significative d’emplois. Et lorsque ces emplois sont créés, ils ne sont, souvent, ni permanents ni durables encore moins bien rémunérés.
Tous les pays sont confrontés au problème du chômage. Face à cette problématique commune, les États donnent des réponses différenciées. Le TER est un projet sur lequel le chef de l’Etat a décidé d’apporter des solutions structurantes à cet ensemble de questions.
Normalement, c’est le secteur privé qui doit, par l’investissement, créer de l’emploi utiliser les capacités de nos concitoyens. Mais, du fait de la situation spécifique des pays en voie de développement, les entreprises n’y arrivent pas souvent.
Outre les emplois qui sont nécessaires pour son fonctionnement, l’Etat du Sénégal a décidé d’intervenir par le biais des dépenses publiques en faveur de l’emploi du marché du travail en menant une politique de grands projets et de se positionner comme acteur économique et de jouer le rôle d’employeur en dernier ressort.
D’une certaine façon, le TER entre dans cette logique. Il y a eu une étape de conception au cours de laquelle, des cabinets sénégalais ont été sollicités. Cette démarche a créé et surtout stabilisé des emplois. La phase réalisation du TER, qui a duré 4 ans, a mobilisé plus de 10.000 travailleurs sénégalais.
Ils ont acquis ainsi, l’expérience de l’exécution d’un projet aussi spécifique et aussi pointu sur le plan technique, avec de nouvelles méthodes de travail qu’impliquent ses multiples composantes. C’est ce qui fait qu’aujourd’hui, ces agents ont été rappelés sur les chantiers de la seconde phase grâce à l’expérience et l’expertise acquises. Ce schéma sera reconduit dans les autres phases.
Actuellement 950 agents dont 940 sénégalais sont embauchés à la SETER. Ils ont été recrutés au Sénégal, formés et accompagnés par la Société nationale de gestion du patrimoine du Train Express Régional (SENTER) et la Société d’Exploitation du Train Express Régional(SETER). Ils assurent totalement l’exploitation du TER.
En moins de dix ans, il y a eu de la formation et la reconstitution de ressources humaines et d’un capital humain de haut niveau dans tous les corps de métiers du chemin de fer.
Le Sénégal n’aura plus besoin, dans quelques années, d’aller chercher ailleurs des ressources humaines en matière de construction ferroviaire et bientôt en matière de gestion et d’exploitation ferroviaire, parce que les emplois créés auront été stabilisés pour qu’on n’ait plus besoin de l’assistance extérieure.
Le Sénégal commence à disposer d’un personnel hautement qualifié pour la réalisation de son programme de maillage ferroviaire global. Les entreprises sénégalaises pourront bientôt pouvoir exporter leur savoir-faire dans la sous-région.
Le TER vient, également, combler notre retard en matière de développement des technologies ferroviaires émergentes.
Ce transfert de compétence est un impératif pour le Sénégal pour stimuler l’innovation et accélérer le développement de secteurs porteurs. Il ne peut être dissocié du processus de développement compte tenu des limites objectives de notre pays dans ce domaine. C’est pourquoi il a été fait appel à l’expertise étrangère notamment la SNCF.
C’est le lieu de remercier toutes les équipes qui se sont succédé sur le projet pour apporter au Sénégal le savoir-faire et l’expérience qui lui font défaut. En particulier je salue l’équipe qui a piloté toute la période de la préexploitation (le DG et le PCA) dont les résultats assurent aujourd’hui au TER sa sécurité optimale et sa conformité aux normes internationale. Il en est de même pour les actuels dirigeants en charge de l’exploitation dont les résultats ont fait que les sénégalais se sont définitivement appropriés le TER.
Abdou Ndene Sall
Directeur général de la SENTER